Le traitement par exposition à la réalité virtuelle (TERV) séduit de plus en plus d’hôpitaux. Il est efficace pour le traitement des troubles anxieux, de phobies ou des addictions. Cette technologie permet aux patients de se confronter à un élément de stress, puis de mesurer et contrôler leur réaction.

Un patient traité pour sa dépendance au tabac met le casque de réalité virtuelle. Il est immédiatement plongé dans un univers qui le stimule : une pause café avec des collègues, un coucherde soleil au bord de la plage ou une attente à l’arrêt de bus. Ces situations vont lui donner l’envie de fumer. La réaction du patient sera mesurée en temps réel par le médecin. Il pourra également ajuster l’environnement aux caractéristiques précises du patient et ajouter des spécificités. De nombreux patients manifestent un craving lorsqu’ils sont exposés à une situation anxiogène. Cette situation doit être spécifiée pour chaque patient, comme lorsque l’addiction est associée à un syndrome de stress post-traumatique (PTSD). En confrontant le patient à un stress qui lui est spécifique, le psychiatre pourra traiter l’addiction.

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Des résultats encourageants

 La TERV est plus efficace que la thérapie cognitive et comportementale (TCC) de 3ème vague. Pour rappel, la TCC est l’un des modes de traitement de choix pour l’addiction. C’est une pratique qui encourage les patients à « reconnaître etéviter les situations à risque où ils peuvent être susceptibles de consommer, et à utiliser des stratégies d'adaptation pour résister à l'addiction et à adapter leur comportement ». 

Le psychiatre et spécialiste en TERV Éric Malbos a traité des patients dépendants au tabac par TERV. Selon ses chiffres, après traitement, 72% des patients n’avaient pas rechuté. Ce chiffre n’est que de 50% avec la TCC. 

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Une technique qui a des limites

La réalité virtuelle est utilisée le plus souvent pour déclencher un craving. Elle ne représente pas un traitement à elle seule. Elle sera utilisée conjointement à un traitement médicamenteux et à l’entretien motivationnel. Par ailleurs, il se peut que le patient dissocie ce qu’il voit en VR de ce qu’il vit dans la réalité. Malgré le progrès dans le réalisme des casques VR, il se peut que le patient ait une réaction différente dans la réalité, par rapport à celle durant la TERV.

Le sujet étant exposé à un environnement stressant, il se peut qu’il développe une anxiété exacerbée durant la séance, et même après. Bien que les séances soient adaptées au patient, un effet indésirable peut arriver. Dans les limites physiques de la TERV, la principale est la fatigue oculaire et les migraines, nausées et étourdissements chez certains patients.  

Malgré ces quelques limites, la TERV reste un outil très efficace, voire révolutionnaire, qui doit être utilisé conjointement avec d’autres traitements et qui peut améliorer la prise en charge des addictions, phobies, PTSD et troubles anxieux

 

Sources: 

Psychothérapie et réalité virtuelleÉric Malbos, Rodolphe Oppenheimer, éditions Odile Jacob, 2020

Traité d’addictologie, 2016, éd. Lavoisier, Michel Reynaud, Laurent Karila, Henri-Jean Aubin, Amine Benyamina

La réalité virtuelle au service de la psychiatrie: https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/robotique-homme-augmente/la-realite-virtuelle-au-service-de-la-psychiatrie/

Thérapie par exposition à la réalité virtuelle en addictologie: https://www.santementale.fr/2022/12/therapie-par-exposition-a-la-realite-virtuelle-en-addictologie/ 

Quand la VR soigne les phobies: https://www.europe1.fr/sante/quand-la-realite-virtuelle-soigne-les-phobies-et-les-addictions-4021160

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